La France révolutionnaire

Les premiers gouvernements

L’Abolition des privilèges

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, avait mis fin à l’autorité royale, très vite l’engrenage révolutionnaire se mit en place. La dévastation des châteaux dans toute la France fût un prétexte valable pour supprimer la féodalité. En cette nuit du 4 août, les députés de la Constituante supprimaient la dîme, la gabelle, le droit de chasse ainsi que tous les privilèges de l’Ancien Régime. Ces principes furent immortalisés par la « Déclaration du droit de l’homme et du citoyen » : séparation des pouvoirs, liberté religieuse, égalité en droit, mais cette déclaration conservait le caractère inviolable de la propriété privé. Cependant, le suffrage universel n’est pas appliqué, l’égalité des sexes est non respectée, et d’autres principes d’égalité ne furent pas appliqués dans la constitution.

La Constitution de 1791

L’Assemblée des députés de 1789 se trouve maintenant le rôle d’Assemblée Constituante, elle doit élaborer une nouvelle constitution pour la France et poursuivre la mise en place de réformes. En 1791, la Constitution était définitivement élaborée. Louis XVI conservait le pouvoir exécutif mais perd son titre de roi de France au profit de celui de roi des Français. Il est le chef des armées, nomme les hauts fonctionnaires et ses ministres, il signe les traités mais il ne peut déclarer la guerre qu’en accord de l’Assemblée. Cette assemblée détient le pouvoir législatif. Mais cette première constitution s’avère maladroite dans bien des domaines, et l’Assemblée n’a aucun pouvoir sur l’exécutif et réciproquement, ainsi il n’y a aucune coordination entre les deux mouvements. Seuls les citoyens actifs (payant un impôt direct égal à trois jours de travail) sont invités à élire des délégués (payant un impôt pour dix jours de travail) qui voteront pour les députés.

Allégorie de la constitution de 1791

Tenant à sa main gauche la Charte constitutionnelle et à sa main droite un pique surmonté du bonnet phrygien, la Constitution fait face au peuple et à la garde nationale. Au-dessus d’elle, un ange la protège en terrassant ses ennemis

La Constitution de 1791

La Constitution de 1791

Les réformes de la Constituante

L’administration est bouleversée par la suppression des provinces au profit de 83 départements subdivisés en districts et cantons et attribués d’un chef-lieu. Les conseils qui dirigeaient les districts et communes étaient élus par les citoyens actifs, ainsi la bourgeoisie s’emparait de l’administration départementale qui était totalement indépendante du pouvoir central. Dans le domaine judiciaire, les juges et jurés sont élus par les citoyens actifs, ils sont sous la tutelle de l’Assemblée et peuvent être contredits par un tribunal de cassation. Les impôts étaient répartis selon les départements et la municipalité s’occupait de les collecter, mais nombre d’officiers municipaux ne savaient ni lire et écrire, les impôts furent au commencement objet d’une rente insuffisante. Des réformes importantes furent ratifiées (adoption du drapeau tricolore, fin de la noblesse héréditaire, les non-catholiques deviennent éligibles…), enfin la guillotine fut adoptée par l’Assemblée sous la proposition du Dr Guillotin (qui ne l’a pas inventée !).

La France et ses 83 départements en 1790

(Centre historique des Archives nationales)

(Centre historique des Archives nationales)

Les solutions faces à la crise économique

La France connaît en 1789 une grave crise économique, les capitaux et le commerce sont en régression et les impôts rentrent mal. Il fallait donc trouver une source d’argent en quantité. Talleyrand proposa alors une nationalisation des biens du clergé, les coffres du clergé contenaient environ 2 milliards de livres. Le débat fut houleux, pour certain il s’agissait de transgresser la propriété privé (Sieyès) pour d’autres ce n’était que le don de fidèles donc appartenant à la Nation (Mirabeau). La proposition fut adoptée, en contrepartie, la Nation s’occupait de salarier le clergé. Puis très vite, un décret donnait la possibilité de régler avec des assignats (billets) qui remplacèrent la monnaie de métal. Ceci devait contribuer à vendre les biens du clergé plus facilement. Mais ce papier-monnaie fut rapidement déprécié et l’inflation galopait. L’assignat allait connaître une existence périlleuse.

Assignat de vingt-cinq sols

La Constitution civile du clergé

Après la nationalisation des biens du clergé, l’Église allait subir d’importantes modifications. Le clergé était organisé par des juristes à l’écart des théologiens. Les évêchés sont réorganisés, les évêques et curés étaient désormais élus, alors que le pape avait autrefois la tâche de nommer les évêques. L’Église de France fut ainsi modifiée afin de la rendre plus séculière sous le nom de Constitution civile du clergé. Le roi avait accepté la constitution, mais le pape Pie VI la condamna. Et les ecclésiastiques, pris par le temps étaient obligés de prêter serment à la constitution, mais à cause de la position du pape peu d’entre eux le firent. Ainsi des élections eurent lieu pour remplacer ces prêtres réfractaires. Cette constitution s’avérait schismatique et mettait en question le lien entre le pape et l’Église de France établi dans le Concordat de 1516.

L’Assemblée Législative

Dés la proclamation de la Constitution de 1791, une nouvelle assemblée nommée Assemblée Législative se mit en place, celle-ci signa sous la proposition de Grégoire l’abolition de l’esclavage suite aux problèmes coloniaux. Elle dût faire face aux débuts de la guerre et à la chute de la monarchie. Le lendemain du 10 août, il fût décidé la mise en place d’une nouvelle assemblée qui prenait en compte la chute de la monarchie. Celle-ci prit le nom de Convention. Et dès le 21 septembre 1792, la première séance eut lieu, la République était née.

La Terreur

Le gouvernement révolutionnaire

Après de multiples difficultés, une Constitution avait été rédigée (Saint-Just et Hérault de Séchelles en était les rédacteurs principaux). Mais celle-ci fût conservé dans un coffre à jamais, les députés décrétait que le gouvernement serait révolutionnaire jusqu’à la paix. Celui-ci allait redresser la situation intérieure et extérieure de la France, et bénéficiait de l’appui des sans-culottes.

  • Le Comité de Salut Public : Il domine ce gouvernement, il est composé de onze membres réélus tout les mois qui se partagent les tâches : Robespierre et son bras-droit Saint-Just s’occupent de la politique intérieure, Collot d’Herbois et Billaud-Varennes prennent les affaires intérieures, Carnot la guerre…
  • Le Comité de sûreté générale : Il veille sur la sûreté de l’État, fait arrêter les citoyens en les passant devant le tribunal révolutionnaire. C’est une sorte de ministère de la police dont Vadier, Le Bas et David sont les principaux membres.
  • Le Comité de finance : Cambon en fût le président, ce comité devait assurer le redressement de l’économie et le financement de la guerre.
  • Représentants en mission : Nommés par le Comité de Salut Public, ces représentants devaient inspecter les départements (en partie pour régler les révoltes fédéralistes), ils contrôlent les armées et font les levées d’hommes. Barras ou Tallien faisaient partie de ces membres. Des comités de surveillance furent crées un peu partout afin de délivrer et vérifier les cartes de sûreté qui assurer le civisme la citoyenneté du peuple.
  • Le Tribunal révolutionnaire : Ce tribunal doit tout simplement juger et condamner les suspects et ennemis des valeurs révolutionnaires (liberté, égalité, …). Les tribunaux révolutionnaires de province seront par la suite renforcés mais ils seront supprimés au profit d’un seul situé à Paris. L’accusateur public Fouquier-Thinville s’occupait de fournir les victimes, ainsi la guillotine allait être farouchement utilisée sous son impulsion. Les témoins n’étaient pas toujours entendus et de nombreuses erreurs judiciaires eurent lieu à cette période.
Allégorie de la République

Les premières représentations d’une femme à bonnet phrygien, allégorie de la Liberté et de la République, apparaissent sous la Révolution française. L’appellation de Marianne dérive de Marie-Anne (prénom très répandu au XVIIIe siècle). Symbole de liberté, le bonnet phrygien était porté par les esclaves affranchis en Grèce et à Rome. Sous la IIIe République, les statues et surtout les bustes de Marianne se multiplient, en particulier dans les mairies. Elle figure également sur des objets de très large diffusion comme les pièces de monnaie ou les timbres-poste.

Figure allégorique de la République - par Antoine-Jean GROS (Musée Fabre)

Figure allégorique de la République - par Antoine-Jean GROS (Musée Fabre)

La France sous la Terreur

Un seul homme était alors à la tête de la Nation : Robespierre, ses opposants étaient tous passés sur l’échafaud. Le pouvoir des départements perdait de l’influence au profit du Comité du Salut Public. « L’incorruptible » comme on le surnomme progressa vers la dictature. Malgré les désirs exprimés auparavant, un partage général des biens n’eut pas lieu, cependant les grosses fortunes furent diminuées. La situation extérieure était favorable, les victoires des généraux (Pichegru, Jourdan, Dugommier…) et la bataille de Fleurus insistait sur la crainte des Alliés.

L’Être suprême

La déchristianisation et les massacres des hébertistes avaient fait réagir Robespierre qui établit un culte de l’Être suprême chaque dixième jour de décade (en lieu et place du dimanche). Robespierre avait subi l’influence déiste des Lumières et notamment de Rousseau (« La France reconnaît l’existence de l’Être suprême et de l’immortalité de l’âme. »). Il y voyait un fondement métaphysique des idéaux républicains et la communion des principes révolutionnaires. La première des fêtes décadaires de l’Être suprême eut lieu le 20 prairial (8 juin), la cérémonie était d’inspiration antique et elle était préparée par David (dont les toiles témoignent de l’esthétisme de l’Antiquité). Des guirlandes, corbeille de fleurs et robes blanches ornaient le spectacle. Le président de la cérémonie, Robespierre brûla une statue représentant l’Athéisme et une autre représentant la sagesse (qui demeura incombustible). Cette grande fête où Robespierre était à son apogée contribua également à sa perte.

La cérémonie de l'Être suprême

Fête de l'Etre suprême au Champ de Mars (20 prairial an II - 8 juin 1794) - par Pierre-Antoine DEMACHY 1794 (Musée Carnavalet)

Fête de l'Etre suprême au Champ de Mars (20 prairial an II - 8 juin 1794) - par Pierre-Antoine DEMACHY 1794 (Musée Carnavalet)

Les derniers gouvernements

La période thermidorienne

Après la Terreur, la France est épuisée, la misère s’installe, les prix augmentent. A cela il faut ajouter des mauvaises récoltes et un hiver rude, les « ventres-creux » se multiplient. Les paysans et soldats sont néanmoins satisfaits de leurs nouvelles conditions, mais il y a désormais les nouveaux riches qui spéculent et exhibent leur or. Les mœurs se relâchent, la Terreur trop pesante a laissé place à des fêtes et des bals, les divorces augmentèrent rapidement. La séparation de l’Église et de l’État est maintenant définitive par la suppression de la constitution civile du clergé. Mais l’inflation galopait, on entreprit alors de dévaluer les assignats.

La Constitution de l’An III

Naturellement une nouvelle constitution fût établit après la chute de la Terreur. Des anciens Girondins et des modérés tel que Boissy d’Anglas s’occupait de la rédiger. Le pouvoir exécutif appartenait à cinq Directeurs où l’un d’entre eux était réélu tous les ans. Ils s’occupaient de nommer les ministres et généraux et de la sûreté de l’État, ils étaient choisis par les chambres législatives. Cinq commissaires s’occupaient de la Trésorerie. Le pouvoir législatif était confié à deux chambres : le Conseil des Cinq-Cents composé de 500 membres qui a l’initiative des lois) et le Conseil des Anciens (comparable au Sénat actuel) qui acceptait ou révoquait les lois proposées par les Cinq-Cents. Les deux chambres siégeaient aux Tuileries. Le pouvoir judiciaire était clairement séparé des deux autres avec des juges de paix, départementaux et un tribunal de cassation. Les citoyens payant une contribution directe élisaient des grands électeurs qui allaient élire des membres du pouvoir législatif et judiciaire.

Les Directeurs

De 1795 à 1799, les différents directeurs furent : Barras, Reubell, La Revelliere Lepeaux, Carnot, Letourneur, Barthélemy, Neufchâteau, Douai, Treilhard, Sieyès, Ducos, Gohier, Moulin.

L'abbée Sieyès en costume de Directeur

L'abbée Sieyès en costume de Directeur

Le Directoire

Tout comme le gouvernement révolutionnaire, les Directeurs se partagent les tâches. Carnot : la guerre, Reubell : la diplomatie, Barras : les affaires intérieures … De nouveaux clubs politiques renaissent, le club du Panthéon et celui de Clichy sont les plus importants. Le problème le plus important était la situation économique, un emprunt important fut fait et on supprima l’assignat qui ne cessait de dévaluer. Mais après l’inflation, c’est la déflation, on emprunte aux pays conquis, on vend aux enchères des biens nationaux. La banqueroute des deux tiers est promulguée, et seul les victoires de Bonaparte et la paix de Campoformio renvoie la popularité d’un régime contesté.

Annexes de la Révolution

Le calendrier républicain

Un calendrier républicain fut adopté afin de se démarquer une fois de plus avec l’Ancien Régime. Les années et les siècles avec pour référence la naissance de Jésus-Christ furent oubliés. 1792 marque l’An I, 1793 l’An II… L’année républicaine est composée de 12 mois égaux de 30 jours, suivis de cinq ou six jours complémentaires, aussi appelés Sans-Culottides (ce dernier nom est donné en honneur aux sans-culottes). Chaque mois est décomposé en trois décades. Les jours de chaque décade sont primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, decadi. Decadi remplaçait le dimanche et était le jour de repos. Les Sans-Culottides, qui étaient des jours fériés pour terminer l’année, sont la Fête de la Vertu, la Fête du Génie, la Fête du Travail, la Fête de l’Opinion, la Fête des Récompenses, la Fête de la Révolution. De plus pour oublier tous les saints dont nous avait abreuvé le calendrier grégorien, chaque jour de l’année était associé à un animal, une plante, ou un outil agricole…

Les mois du calendrier républicain
  • Les mois d’automne (terminaison en -aire)
    • Vendémiaire (le mois des vendanges)
    • Brumaire (le mois des brumes)
    • Frimaire (le mois du froid)
  • Les mois d’hiver (terminaison en -ose)
    • Nivôse (le mois de la neige)
    • Pluviôse (le mois de la pluie)
    • Ventôse (le mois du vent)
  • Les mois du printemps (terminaison en -al)
    • Germinal (le mois de la germination)
    • Floréal (le mois des fleurs)
    • Prairial (le mois des prairies)
  • Les mois d’été (terminaison en -or)
    • Messidor (le mois des moissons)
    • Thermidor (le mois de la chaleur)
    • Fructidor (le mois des fruits)
Les douze mois du calendrier républicain

Les Gouvernements

  • L’Assemblée nationale constituante (1789 - 1791) : Cette assemblée eut à la fois un rôle législatif et la charge de rédiger la constitution de la France. Elle proclama sa propre dissolution en faveur de l’Assemblée Législative.
  • L’Assemblée législative (1791 - 1792) : L’Assemblée Législative, élue par les citoyens actifs, fut le parlement de la monarchie constitutionnelle, puis, après la chute du roi, de la république.
  • La Convention nationale (1792 - 1795) : Elle se réunit pour la première fois le 20 septembre 1792 et proclama la république deux jours après. Après la chute de Robespierre, la convention est généralement appelée Convention thermidorienne. Trois comités de la Convention nationale eurent un rôle important :
    • Le Comité de salut public : Pendant la Terreur, ce comité était le vrai gouvernement de la France.
    • Le Comité de sûreté générale : Chargé de coordonner l’effort de guerre.
    • Le Comité d’instruction publique
  • Le Directoire (1795 - 1799) : Régime bicaméral à dominante bourgeoise. Ses deux chambres sont :
    • Le Conseil des Cinq-Cents
    • Le Conseil des Anciens, ou Sénat
Un comité révolutionnaire sous la Terreur

Intérieur d'un comité révolutionnaire sous la Terreur - par C.N.Malapeau (Centre historique des Archives nationales)

Intérieur d'un comité révolutionnaire sous la Terreur - par C.N.Malapeau (Centre historique des Archives nationales)

Les groupes politiques

  • Groupes politiques royalistes
    • Monarchistes ou Royalistes : Partisans de la monarchie des Bourbons, sous sa forme absolue ou sous sa forme constitutionnelle.
    • Chouans : Groupes contre-révolutionnaires actifs dans les régions de l’Ouest et le marais vendéen. Ils disparaîtront sous l’Empire.
    • Émigrés : Membres de la noblesse ayant quitté la France, souvent pour l’Angleterre, pour fuir la Révolution.
    • Réfractaires : Religieux qui ayant refusé de prêter serment à la République doivent prendre le maquis.
  • Groupes politiques républicains
    • Républicains : Partisans d’un système sans roi.
    • Girondins : Groupe de douze députés républicains, plus modérés que les Montagnards. Parfois appelés (par amalgame), Brissotins.
    • Montagnards : Souvent membres (ou ex-membres) des jacobins, les Montagnards sont des républicains radicaux au pouvoir pendant le règne de la Terreur. Leur modèle reste Robespierre.
    • Thermidoriens : Républicains plus modérés ayant pris le pouvoir après la chute de Robespierre et des Montagnards, le 9 thermidor.

La composition des différentes assemblées

La question du veto du roi en 1789 avait divisé l’Assemblée en deux camps qui se regroupaient à droite du roi (pour le veto) ou à gauche (contre le veto). Ce clivage est à l’origine de nos partis politiques actuels. Par suite, les partisans du roi et les plus conservateurs siégeaient à droite tandis que les partisans du changement et de la révolution se plaçaient à gauche. Les plus « enragés » se plaçaient à l’extrême gauche sur les travées supérieures du haut de l’Assemblée, la « Montagne ». Aussi les membres de la tendance la plus révolutionnaire de l’Assemblée reçurent-ils le nom de « Montagnards » (Marat, Danton, Robespierre…). La Gironde (Roland, Vergniaud, Brissot…) comportait des députés venus de la région de Bordeaux ou de province, ils se plaçaient à gauche et ils étaient dans un premier temps proche de la Montagne. L’Assemblée Constituante puis législative comprenait à sa droite les aristocrates partisans de l’ordre ancien et d’autres plus modérés qui y préférait une monarchie constitutionnelle. Par la suite, les aristocrates émigrèrent ou se retirèrent, les modérés comme Mounier disparurent progressivement de l’Assemblée. Si bien que lorsque la République fût proclamée, c’est la Gironde qui se plaça à droite, et les Montagnards restaient à gauche. Dès 1792, les deux partis s’affrontèrent violemment. La majorité de l’Assemblée constituait la « plaine » ou le « marais » car ils siégeaient au centre, ils étaient d’abord proches des Girondins mais une partie d’entre eux rejoignirent les Montagnards. Ces députés prirent par la suite le pouvoir après le 9 thermidor.

Le vandalisme révolutionnaire

La chute de la monarchie le 10 août 1792 entraîna une flambée de violence à l’encontre des symboles visibles de la féodalité. Le Comité de salut public décida de commémorer la chute de la monarchie par la destruction des mausolées fastueux des rois, conservés dans l’abbaye de Saint-Denis. Une partie des tombeaux fut démolie et fondue pour faire des boulets et des canons.

La violation des caveaux des rois dans la basilique Saint-Denis, en Octobre 1793 - par Hubert ROBERT (Musée Carnavalet)

La violation des caveaux des rois dans la basilique Saint-Denis, en Octobre 1793 - par Hubert ROBERT (Musée Carnavalet)

Les clubs

Les députés se rejoignaient dans des clubs où ils poursuivaient avec leurs partisans les débats de l’Assemblée, ils se réunissaient dans d’anciens couvents, et ils adoptèrent leurs noms.

  • Le club des Jacobins : A l’origine, des patriotes bretons qui fondèrent le club breton, arrivés à Paris lors des États Généraux, ils se réunirent au couvent des jacobins. Les jacobins rassemblaient autour d’eux la gauche révolutionnaire et constituait l’organe directeur de la Montagne après que les Girondins de Brissot furent chassés. Les principaux membres étaient Pétion de Villeneuve et Robespierre. Fermé après thermidor, ils chutent en même temps que Robespierre. Leur devise : « Vivre libre ou mourir ».
  • Le club des Feuillants : La plupart d’entre eux sont issus du club des jacobins, qu’ils quittèrent parce qu’ils étaient plus modérés. Leurs dirigeants étaient Talleyrand, Sieyès, La Fayette et les hommes du triumvirat (Barnave, Lameth, Duport) qui étaient populaires. Mais ils étaient divisés (partisans de La Fayette contre ceux de Lameth), le club disparût le 10 août lors de la chute de la royauté. Et les Girondins s’installèrent à leur place à la droite de l’Assemblée.
  • Le club des Cordeliers : Tout comme les Jacobins, les Cordeliers s’appuyaient sur le mécontentement du peuple parisien et étaient les favoris des sans-culottes. Parmi les membres les plus célèbres : Danton, Marat, Hébert et Camille Desmoulins. Le club organisait les grandes journées révolutionnaires telles que le 10 août, et s’acharnait à abattre la Gironde. Ils se séparèrent entre Indulgents (Danton), Enragés (Roux) et Hébertistes (Hébert). Les survivants joignirent par la suite les jacobins.

Les mouvements populaires

  • Les sans-culottes : Ils sont le peuple parisien (ouvriers, artisans, petits commerçants), on les appelait ainsi car ils portaient des pantalons de bure à la place des culottes resserrées au genou que les nobles et bourgeois portaient. Ils intervinrent de plus en plus activement pour obliger l’assemblée à prendre des mesures favorables au peuple. Ils étaient divisés en sections de quartiers dirigées notamment par Hébert et Roux. Les sans-culottes ont joué un rôle décisif (prise de la Bastille, des Tuileries, chute des girondins), leur chanson la plus célèbre était « la Carmagnole ».
  • Les Enragés : Une des sections des sans-culottes dirigée par le prêtre Jacques Roux. Principalement actives à Paris et à Lyon durant la convention girondine, elle préconisait l’emploi de mesures sévères contre les riches et la formation d’une armée du peuple. Robespierre fit guillotiner leurs chefs pendant la Terreur.
  • Les Hébertistes : Une autre section de sans-culottes que menait Jacques Hébert, et également Collot d’Herbois. Celui-ci avait une grande influence sur les Cordeliers et la commune insurrectionnelle. Tout comme les dantonistes (indulgents), les Hébertistes se démarquèrent de Robespierre qui les fit guillotiner.
  • Les Indulgents : Menés par Danton, les Indulgents regroupaient des Montagnards hostiles à la Terreur. Les accusations de conspiration envers Danton marquera la fin du mouvement, au même moment où le couperet s’abattra sur lui et ses partisans dont Camille Desmoulins.
  • La Commune de Paris : Gouvernement municipal de Paris né en juillet 1789, le 10 août, les insurgés la renversent et elle cède la place à la Commune insurrectionnelle où les sans-culottes ont le contrôle. Elle appliquera désormais la politique révolutionnaire et donc aussi celle du Comité de Salut Public de Robespierre. Hébert tenta de s’opposer à la Terreur tant il avait une influence sur la Commune. Mais la réaction des thermidoriens s’abattit sur elle, et lui ôta tous ses pouvoirs.
Glossaire
  • Les Constitutions
    • Constitution du 3 septembre 1791 : Elle établit une monarchie parlementaire et l’Assemblée législative.
    • Constitution de l’an I ou du 24 juin 1793 : Constitution républicaine, jamais appliquée.
    • Constitution de l’an III ou du 22 août 1795 : Elle établit le Directoire.
    • Constitution de l’an VIII ou du 13 décembre 1799 : Elle établit le Consulat.
  • Les Coups d’Etats
    • 9 thermidor an II : Chute de Robespierre et des Montagnards (27 juillet 1794).
    • 18 fructidor an V : Coup contre la tentative de restauration monarchiste (4 septembre 1797).
    • 22 floréal an VI : Coup dans lequel 106 députés de gauche furent privés de leur siège (11 mai 1798).
    • 30 prairial an VII : Coup préparé par le général Joubert, par lequel quatre directeurs furent forcés à démissionner (18 juin 1799).
    • 18 brumaire an VIII : Le coup qui porta Napoléon Bonaparte au pouvoir (9 novembre 1799).

La presse sous la Révolution

La liberté de la presse fut déclarée dans la Déclaration des droits de l’homme. Dès la réunion des états généraux, Mirabeau publia « Le journal des états généraux ». Sitôt la liberté acquise, les journaux se multiplièrent, on dénombre 1500 périodiques nés entre 1789 et 1799, la plupart furent éphémères. Presque tous les députés avaient leur feuille pour s’exprimer :

  • « Le Patriote français » (Brissot)
  • « Le vieux Cordelier » (Desmoulins)
  • « L’Orateur du peuple » (Fréron)
  • « Le tribun du peuple » (Babeuf)
  • « L’ami du peuple » (Marat)
  • « Le père Duchesne » (Hébert)

Ces deux dernier furent très lus et convoités par les sans-culottes, Marat et Hébert étaient leur porte-parole. Les royalistes possédaient aussi leur journal tel que « Le Mercure de France ». Mais la presse se durcit sous l’influence du Directoire qui supprima des journaux réactionnaires. Dès l’arrivée du Consulat, Bonaparte s’empressa de bannir cette liberté de presse génératrice de désordre populaire.


Sources et liens

Lectures conseillées