La Révolution Française

Introduction

Dès l’annonce de l’ouverture des états généraux, le souhait de changer la Nation émanait de tous les milieux et on appréhendait avec anxiété ou enthousiasme cet instant. Déjà, un fort élan politique parcourait le pays, Louis XVI et Necker étaient inquiets. Qui allait devenir le maître de la situation ? Est-ce que l’héritage des Lumières s’exprimera pour l’avenir ? Comment les événements allaient-ils se dérouler ? Allait-on changer irrémédiablement le cours de la vie des Français ? Ces questions allaient bientôt trouver leur sens, très vite le poids des privilèges va provoquer un engrenage révolutionnaire qui ne s’achèvera que dix ans plus tard.

Les grands événements

Le tiers se déclare « Assemblée nationale »

Les États Généraux furent ouverts solennellement le 5 mai 1789, très vite une discussion acharnée éclata sur la façon de voter : « par tête », une voix pour chaque homme, ou « par ordre », une seule voix pour chacun des trois états comme le voulait la tradition. Sous l’impulsion de Mirabeau, les députés du tiers état refusèrent de vérifier leur pouvoir afin d’éviter à tout prix le vote « par ordre ». Ils espéraient ainsi gagner du temps, les différentes tentatives pour débloquer la situation s’étaient révélées inutiles. Conscients de représenter la majorité des Français, les délégués populaires du tiers se retirent le 17 juin et se constituent eux-mêmes en Assemblée Nationale. Le même jour, l’Assemblée interdit toute levée d’impôts non vérifiée et décrétée par elle-même. Naturellement, ni le roi ni les privilégiés n’apprécièrent cette nouveauté. Louis XVI se résout à la rigueur et invita les trois ordres à reprendre leur place lors d’une prochaine séance royale.

Le serment du jeu de paume

Le 20 juin, sous prétexte d’effectuer des travaux d’entretien, le roi interdit l’accès de la salle où se réunissaient les États généraux. Les représentants du tiers état se rassemblèrent alors dans un gymnase qui servait au jeu de paume. Là, sous la proposition du député Mounier, ils s’engagèrent « à ne jamais se séparer » avant d’avoir donné à la France une Constitution, chacun à leur tour les députés répètent « Je le jure ! ». Le lendemain, le roi ferme le gymnase, car il est réservé par le comte d’Artois, le frère du roi (Charles X). Les députés se réunissent alors dans l’église Saint Louis que le clergé leur a octroyé. Louis XVI rassemble alors des troupes pour dissoudre cette assemblée de récalcitrants, mais bientôt une grande partie du clergé se joint au tiers. Afin de limiter les dégâts, le roi ordonne alors au clergé et à la noblesse de participer avec le tiers à l’élaboration de textes constitutionnels. Le 9 juillet 1789, l’Assemblée nationale devient constituante, elle établira les fondements d’une monarchie constitutionnelle, on croit alors la révolution achevée.

Le serment du jeu de paume

Au centre, Bailly, le président de l’Assemblée nationale est monté sur une table. Avec lui, les députés jurent de ne pas se séparer jusqu’à l’établissement d’une constitution.

Le serment du jeu de paume - par Jacques-Louis DAVID (Musée du château de Versailles)

Le serment du jeu de paume - par Jacques-Louis DAVID (Musée du château de Versailles)

La prise de la Bastille

Très vite, l’assemblée entame des discussions derrière le député Mounier, et La Fayette qui, inspiré par son passage aux États-Unis propose déjà une déclaration des droits de l’homme. Mais le roi précipita les événements, il renvoie Necker son ministre des Finances, qui est tenu responsable du désordre, c’est une véritable consternation pour le peuple qui lui attachait de l’estime. Louis XVI ordonna de plus la concentration des troupes autour de la capitale, afin d’étouffer la rébellion par les baïonnettes. Sous l’impulsion de Camille Desmoulins, le peuple parisien se rassembla et l’anarchie commençait à s’installer dans la capitale. Le 14 juillet, on donne l’assaut à la Bastille, une ancienne forteresse devenue prison qui, pour les Parisiens, représentait le symbole de l’absolutisme, elle fut prise et rasée. A son retour d’une chasse, le roi étonné demanda « C’est une révolte ? » « Non Sire, c’est une révolution ». Louis XVI, une fois de plus recula et rappela Necker.

Prise de la bastille

En bas, à droite, le gouverneur de la Bastille De Launay est emmené par les assaillants. Il sera massacré, et sa tête mise au bout d’un pique défilera dans les rues de Paris.

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 - par Jean-Baptiste LALLEMAND (Musée Carnavalet)

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 - par Jean-Baptiste LALLEMAND (Musée Carnavalet)

La « Nuit du 4 août »

La monarchie absolue était finie, et les premiers nobles commencent à émigrer. L’assemblée improvise une garde nationale aux ordres du marquis de La Fayette, et arbore les premières cocardes tricolores (le blanc des Bourbons était glissé entre le bleu et le rouge de la ville de Paris). Très vite, l’anarchie s’installe dans la capitale, et des rumeurs alarmistes (complot aristocratique, invasion étrangère…) provoquèrent « La Grande Peur » dans les campagnes. La fureur des paysans se déchaîna contre les demeures féodales qui furent brûlées et saccagées durant l’été. La nuit du 4 août, l’Assemblée discutait des moyens pour enrayer ces émeutes, et au fur et à mesure des discussions, elle abolit peu à peu tous les droits féodaux. Le 11 août, un décret déclare l’égalité civile et fiscale, c’est le plus grand bouleversement que la France ait connu. L’Ancien régime et les privilèges s’écroulent en l’espace d’une nuit.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen

Le 26 août, l’Assemblée adopte la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dont Mirabeau et Sieyès sont les principaux rédacteurs. Cette déclaration est maintenant devenue le modèle de la plupart des Constitutions modernes. Elle établit les droits fondamentaux de l’être humain : le droit à la liberté, à la sécurité, à l’égalité de tous devant la loi et, enfin le principe de la souveraineté populaire, par lequel la Nation, et non plus une royauté de droit divin, est proclamée dépositaire du pouvoir. Cependant, cette déclaration ne remet pas en question la monarchie des Bourbons, d’ailleurs, La Fayette et Mirabeau tout comme la majorité de l’Assemblée sont monarchistes.

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen

Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, datée du 10 août 1793 (Centre historique des Archives nationales)

Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, datée du 10 août 1793 (Centre historique des Archives nationales)

Une grande instabilité

Les journées d’octobre

Les discussions entre l’Assemblée et le roi reprennent, Louis XVI se voit bientôt accorder un droit de veto face aux décisions de l’assemblée. Les modérés comme Mounier se voient quant à eux repousser leur projet de créer deux Chambres et un pouvoir exécutif fort (comme en Angleterre). Mais au lieu d’accepter de partager son pouvoir avec l’Assemblée, Louis XVI ne songeait qu’à reprendre son bien, il fit venir une nouvelle garnison à Versailles. Le 5 octobre, le mécontentement gagne à nouveau les rues, et environ 700 000 femmes marchèrent sur Versailles en vue de solliciter du pain au roi. Le roi à son retour promet une rentrée de blé à Paris, mais le lendemain, la foule presse devant Versailles, et clame « A Paris ». Le roi est donc contraint de quitter Versailles avec sa famille (« le boulanger, la boulangère et le petit mitron »). Les monarchistes comme Mounier voient leur désir d’établir une monarchie forte s’éteindre, Mounier choisit l’exil.

La monarchie constitutionnelle

Jusqu’à l’été 1790, La Fayette est l’homme clé du moment, sa popularité et son influence s’agrandissent chaque jour dans la capitale, mais son plus grand rival reste Mirabeau. L’Assemblée siège désormais aux Tuileries, depuis la question du droit de veto du roi, elle est divisée ainsi : à droite les partisans du veto, à gauche les opposants. Le clivage des opinions s’organise désormais ainsi (ce sont les ancêtres de nos partis politiques). A l’extrême droite, on trouve les conservateurs attachés à la monarchie absolue. A droite, on a les monarchiens qui veulent s’en tenir aux réformes du 4 août, leur chef Mounier s’est déjà exilé craignant un dérapage de la Révolution. A gauche, le groupe est mené par un triumvirat (Barnave, Lameth, Duport), et à l’extrême gauche on trouve déjà Robespierre. Tous ces députés se retrouvent dans des clubs, dans lesquels les partisans débattent les questions de l’Assemblée, les patriotes qui se réunissaient au couvent des Jacobins adoptèrent ce nom. En quelques mois, l’Assemblée prit une série de mesures qui bouleversèrent le visage de la France (confiscation des biens du clergé, naissance des départements, voir La France révolutionnaire), et en 1791, une première Constitution fut ratifiée.

La Fédération

Depuis 1789, des gardes nationales s’étaient formées en province à l’image de celle de La Fayette, elles devaient assurer la sécurité du peuple et du commerce. Certaines de ces communes s’étaient rassemblées en fédération, les citoyens de chacune de ces fédérations se considéraient comme appartenant au même « Empire », et non plus comme angevins ou bretons. Ces fédérations donnèrent lieu à des fêtes, l’une d’elle devait regrouper chacun des représentants des fédérations au Champ-de-Mars le 14 juillet 1790 pour célébrer la fête de la Fédération. Les gardes de chaque fédération défilèrent, et malgré la pluie, La Fayette s’avança et prêta serment à la Nation, puis vint le tour du roi qui fut applaudi. Ce fut un véritable moment d’union nationale partout en France, la fête fut somptueuse.

Fête de la Fédération

La fête de la Fédération - par Charles MONNET 1790 (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes)

La fête de la Fédération - par Charles MONNET 1790 (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes)

Premières difficultés

Pendant toute cette effervescence à Paris, l’Armée s’agitait, en Champagne le futur maréchal Davout a pris la tête d’une révolte. A Nancy, les soldats se sont mutinés et ont emprisonné leurs officiers. Bouillé, le commandant de Metz organisera une répression qui sera particulièrement sévère. Necker, inquiet de la tournure des événements démissionne en prétextant un problème de santé, l’Assemblée prend alors en main le Trésor Public. Du coté du clergé, ça n’allait guère mieux, les ecclésiastiques devaient prêter serment à la Nation et à la constitution civile du clergé (voir la France révolutionnaire), seulement peu d’entre eux le firent, en partie à cause de la position du pape Pie VI, qui déclarait la constitution schismatique, et des hésitations du roi. De plus la crise financière ne se résout pas, et des discordes apparaissent au sein de l’Assemblée, Mirabeau qui a été élu président de l’assemblée meurt en mars 1791.

La fuite du roi

Dés lors, la situation du roi se compliquait, il demanda bientôt recours aux monarchies européennes. Marie-Antoinette pouvait compter sur son frère l’empereur d’Autriche, mais celui-ci était bien trop occupé à se disputer la Pologne avec la Prusse et la Russie. Le frère du roi, le comte d’Artois (Charles X) rencontra les souverains européens à Pillnitz où il obtient le soutien de l’Autriche et de la Prusse. Mais à Paris, on se méfiait du roi, celui-ci avait déjà tenté de se rendre discrètement au château de St Cloud, seulement le carrosse fut vite arrêté et dut rebrousser chemin vers les Tuileries. Le roi pensait alors rejoindre la garnison de Bouillé à Metz pour rentrer dans Paris avec les Autrichiens. Et le 21 juin 1791, le lit du roi est vide, il a fui la veille avec sa famille dans une berline, en se faisant passer pour un riche bourgeois, il sera rejoint par les dragons de Bouillé. Mais reconnu à Varennes, il est arrêté. A Paris, La Fayette, Bailly et Beauharnais (président de l’Assemblée) inventent un prétexte d’enlèvement pour couvrir leur roi. Mais personne n’est dupe, et le retour est difficile pour la famille royale qui doit subir les injures du peuple, Louis XVI fut donc suspendu par la Constituante.

Retour de Varennes - Arrivée de Louis XVI à Paris

Retour de Varennes. Arrivée de Louis Seize à Paris, le 25 juin 1791 - par Jean DUPLESSI-BERTAUX (Centre historique des Archives nationales)

Retour de Varennes. Arrivée de Louis Seize à Paris, le 25 juin 1791 - par Jean DUPLESSI-BERTAUX (Centre historique des Archives nationales)

La fusillade du Champ-de-Mars

Pendant ce temps, le club des Cordeliers (Marat, Danton) sollicitait l’aide des Jacobins (Robespierre, Pétion) pour voter la déchéance du roi, une scission s’opéra chez les Jacobins où les plus modérés (Sieyès, Barnave, Lameth) fondèrent le club des Feuillants. Mais le reste des Jacobins organisa avec les Cordeliers une pétition votant l’abdication du roi, ils s’étaient réunis au Champ-de-Mars. La Fayette et sa garde qui devait assurer l’ordre fut accueilli par des jets de pierres. Bailly donna l’ordre à la garde de tirer, ce fut la panique, au moins 50 morts, Marat parvint à se cacher, Danton émigra en Angleterre. Le club des Cordeliers fût fermé et une grande partie des Jacobins rejoignirent les Feuillants plus modérés. Les Feuillants, fort de leur nouvelle influence à l’Assemblée souhaitaient maintenant une révision de la Constitution, on avait éloigné les républicains et la Constitution fut voté en septembre 1791. En octobre, une Assemblée législative remplaça la Constituante. Les émigrés furent amnistiés, on croyait la Révolution terminée. Mais les troubles économiques, les divisions du clergé et la non-détermination du roi annonçaient un avenir sombre.

L’Assemblée Législative

Une nouvelle vague de députés fraîchement élus fit son apparition dans l’Assemblée, à droite de celle-ci on trouve les Feuillants partisans d’une monarchie constitutionnelle avec à leur tête le Triumvirat (Barnave, Lameth, Duport) et La Fayette, ils soutiendront le roi. A gauche, il y a les Jacobins qui sont moins nombreux, appelés aussi Brissotins du nom de leur chef de file Brissot, leurs orateurs dont Vergniaud sont issus de Bordeaux (ils seront appelés Girondins pour cette raison), ils devront s’allier avec l’extrême gauche représentée par Pétion de Villeneuve (un proche de Robespierre) qui regroupe des membres des Cordeliers (la Montagne). Au centre, le Marais qui rassemble les partisans d’une monarchie modérée. Très vite, l’Assemblée doit faire face à de nombreux problèmes dont une rébellion dans la colonie de St Domingue, les Girondins firent donc voter un décret important qui place les nègres à la même égalité politique que les blancs (abolition de l’esclavage). Puis des ultimatums sont déclarés aux émigrés qui risquent d’être déchu de leurs droits. Le 10 mars 1792, le ministère en partie Feuillant démissionne au profit des Girondins.

La guerre européenne

Depuis que les idées révolutionnaires se sont développées dans la région du Rhin ou au Nord de l’Italie, et depuis l’arrestation du roi à Varennes, l’Europe avec à leur tête l’Autriche commençait à voir d’un mauvais œil cette France turbulente. La guerre paraît inévitable, seuls les députés Marat et Robespierre s’étaient opposés à la guerre. Mais les nouveaux ministres en partie Girondins souhaitent la guerre, c’est le cas de Dumouriez, le ministre des Affaires Étrangères qui précipitent les événements. Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée à l’Autriche, bientôt, la France s’opposera contre toute la Vieille Europe pendant près de 20 ans. C’est durant ces campagnes que commença à se répandre le chant de guerre pour l’armée du Rhin qu’on appellera bientôt la Marseillaise : composé à Strasbourg par un officier, Rouget de Lisle, il fut chanté pour la première fois par un groupe de marseillais à Paris. Très vite, une offensive dirigée par Rochambeau tourne rapidement au désastre, et bientôt c’est la débandade française.

Rouget de Lisle composant la Marseillaise

Rouget de Lisle composant la Marseillaise - par Auguste Pinelli 1875-1880 (Musée historique de la Révolution française, Vizille)

Rouget de Lisle composant la Marseillaise - par Auguste Pinelli 1875-1880 (Musée historique de la Révolution française, Vizille)

Le renversement de la monarchie

La chute de la monarchie

Le 20 juin 1792 (anniversaire du serment du jeu de paume), le peuple parisien s’arme de piques et envahit rapidement les Tuileries, la manifestation est arrêtée durant l’après-midi grâce à l’intervention de Vergniaud et Pétion de Villeneuve (maire de Paris). La Fayette revenu des armées de l’Est prend la défense du roi et dénonce les manigances des clubs, mais découragé il partira à la frontière. Brissot et la Gironde tenteront de s’allier avec le roi, mais ils ne peuvent empêcher la demande d’un décret ordonnant sa déchéance. Le 10 août on avait préparé une insurrection, des insurgés s’étaient armés, Danton qui organisait la rébellion avait pris possession de l’Hôtel de Ville. On se dirigeait maintenant aux Tuileries. Face à l’incompétence de sa garde, sans chef, le roi à peine éveillé tente de se réfugier à l’Assemblée. Aux Tuileries, les gardes suisses font feu sur les insurgés. Mais une fureur habite les émeutiers qui massacrent des gentilshommes (Clermont-Tonnerre). Pendant ce temps à l’Assemblée on avait voté la suspension du roi et son internement dans la prison du Temple. Huguenin le président de la commune insurrectionnelle (qui a chassé la Commune de Paris, sorte de gouvernement municipal) demande la dissolution de l’Assemblée et prépare une alliance avec la gauche girondine. Celle-ci jouera désormais un rôle de premier plan, Danton prend la tête d’un conseil exécutif, seul Montagnard il domine le ministère en grande partie Girondin.

Prise des Tuileries

Le 10 août, les sans-culottes prennent d’assaut le château des Tuileries, les gardes suisses tirent sur la foule. Le roi, quant à lui est parti se réfugier auprès des députés.

La Prise du palais des Tuileries, cour du Carrousel, 10 août 1792 - par Jean DUPLESSI-BERTAUX 1793 (Musée Fabre)

La Prise du palais des Tuileries, cour du Carrousel, 10 août 1792 - par Jean DUPLESSI-BERTAUX 1793 (Musée Fabre)

La naissance de la république

Très vite, Danton, l’homme du moment, réorganise le pays et signe de nombreux traités qui devront organiser la résistance à l’ennemi prussien qui est déjà en France. Dumouriez remplace La Fayette (qui a passé à l’ennemi avec les Autrichiens) à l’armée du nord, celle-ci se réorganise, et aux volontaires patriotes se mêlent les soldats de l’ancienne armée royale. Les généraux allaient faire de cet amalgame une véritable armée, des chefs de bataillons allaient gravir des marches qui les porteront au titre de maréchal sous Napoléon (Bessières, Marmont, Davout, Victor…). Mais ils ne peuvent barrer la route de Paris aux austro-prussiens, Kellermann et Dumouriez sont désormais les derniers remparts. Pendant ce temps, à Paris on soupçonnait les aristocrates et prêtres réfractaires de massacrer les patriotes, dans ce climat de suspicion du 2 au 6 septembre se déroulèrent des massacres, des émeutiers parisiens vidèrent des prisons bondés de partisans au roi, on dénombre environ 1 200 tués. A la commune et à l’Assemblée on avait laissé faire en feignant d’ignorer les faits, mais cet élan populaire découragea les modérés, et l’idée d’une République prit son essor sous l’influence des Montagnards. En effet, les nouvelles élections de l’Assemblée, qui prit le nom de Convention (sur le modèle américain) vit l’essor des Montagnards (Fabre d’Églantine, Desmoulins, David, Philippe Égalité le duc d’Orléans…). Les députés les plus populaires étaient à cette époque Danton, Marat et Robespierre. Le 20 septembre, l’incroyable se produit, Kellermann et Dumouriez sont parvenus à repousser les austro-prussiens à Valmy, où un véritable sentiment national se fit sentir. Le lendemain (21 septembre 1792) la Convention tenait sa première séance publique, c’était la naissance de la Ière République.

La Garde nationale de Paris part pour l'armée - Septembre 1792

Le 11 juillet 1792, face aux défaites militaires et aux menaces d’invasion (des Prussiens du Duc de Brunswick et des émigrés du prince de Condé), l’assemblée législative déclare « la Patrie en danger » et la levée de 50.000 volontaires parmi les gardes nationales. A la fin de l’été, la situation militaire devient dramatique. Longwy capitule le 23 août devant les Prussiens, Verdun se rend. Le 26 août, l’assemblée approuve alors, sur la proposition de Danton une nouvelle levée de 30 000 hommes.

La Garde nationale de Paris part pour l'armée. Septembre 1792 - par Léon COGNIET 1836 (Musée Fabre)

La Garde nationale de Paris part pour l'armée. Septembre 1792 - par Léon COGNIET 1836 (Musée Fabre)

La Convention

Le premier président de la Convention fut Pétion (déjà maire de Paris). Les Girondins étaient cette fois dominants dans l’assemblée, mais il n’y avait personne pour représenter les sans-culottes (peuple parisien) qui avaient faits le 10 août. Les Girondins (Roland, Vergniaud, Brissot…) qui se réunissent au salon de Mme Roland sont proches de la Montagne (Robespierre, Marat, Danton, Desmoulins, St-Just, Philippe Égalité, David…) au point de vue sociale et patriotique mais ceux-ci sont plus proches des sans-culottes et de la Commune de Paris. Entre les deux groupes on a toujours le marais ou la plaine, groupe d’indécis qui virevoltent à gauche ou à droite. Les monarchistes ont donc disparu, et ce sont les Girondins qui prennent leur place à la droite. Le véritable conflit s’effectue donc entre les Girondins, plus âgés et attachés à la propriété privée, et les Montagnards, plus révolutionnaires et défenseurs du petit peuple. Des affrontements et des dénonciations parcourent chaque jour l’Assemblée, mais les Montagnards déjouent les pièges de la droite et favorisent l’effritement des Girondins. A l’extérieur, la victoire de Valmy a précédé l’annexion du comté de Nice et la Savoie.

Le procès du roi

L’une des missions que s’était fixée la Convention était de régler le sort de la monarchie, à la Gironde on était divisés, mais à la Montagne, on souhaitait la mort du roi. La mise à sac des Tuileries le 10 août a permis la découverte d’une armoire secrète renfermant des documents dans lesquels étaient mêlés les rapports de Louis XVI et des puissances européennes. Une procédure judiciaire s’engagea donc, les députés presque unanimement déclarèrent Louis Capet coupable de conspiration contre la sûreté générale de l’État. Chacun des représentants des départements allait maintenant exprimer le châtiment proposé, ce fût la mort qui l’emporta. Et le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné, cet acte irréversible entraîna l’indignation de toute l’Europe. La France se trouva encore plus isolée. L’Angleterre sous l’impulsion de son Premier ministre William Pitt, rassembla contre elle une coalition (la première d’une longue série) qui comprenait, outre l’Autriche et la Prusse, L’Espagne, la Hollande, le Portugal et la Russie.

L'exécution du roi

Après la chute de la monarchie, Louis XVI porta le nom de Louis Capet, en référence à Hugues Capet fondateur de la dynastie des Capétiens (en 987) dont les Bourbons sont originaire. Le 21 janvier 1793, Louis XVI monte sur l’échafaud, ses derniers mots ont été : « Je meurs innocent ! », sa tête est montrée à la foule hurlant : « Vive la Nation ! ».

Éxécution du roi Louis XVI

Éxécution du roi Louis XVI

L’avènement de la Terreur

Réorganisation générale

Dumouriez, qui commandait toujours l’armée avait déjà manifesté son opposition à la Convention. Il cherchait une victoire pour se couvrir de gloire, il ne trouva qu’une nouvelle défaite à Neerwinden, désespéré, il retourne son armée contre Paris et passe sous les ordres autrichiens, certains généraux dont le duc de Chartres (Louis-Philippe Ier), fils de Philippe Égalité le suivront à ses cotés. L’armée est désormais réorganisée en bleus (volontaires républicains) et blancs (ancienne armée royale). Pendant ce temps, une conférence des alliés a lieu à Anvers, elle se fixe pour but de réduire la France à un néant politique. Mais les 280 000 étrangers qui sont aux frontières de la France sont paralysés à cause des dissensions entre alliés. A Paris, un comité de défense est créé en vue de remplacer le pouvoir exécutif perdu en 1792. Ce sont les Montagnards autour de Danton qui y gagneront de l’influence et de la popularité sur les Girondins.

L’insurrection vendéenne

Depuis quelque temps la province avait du mal à suivre le cours des événements, les campagnes étaient encore attachées au roi et à la religion. Aussi, la constitution civile du clergé et l’exécution du roi avaient profondément choqué. La levée de 300 000 hommes pour la guerre contre l’Europe fut l’étincelle à la poudre. A Cholet, les premiers troubles éclatèrent, on s’en prend aux autorités à coups de fourche ou de faux. Parallèlement un groupe d’insurgés : les chouans (sous la conduite des frères Cottereau) pratiquent également la guérilla dans les bocages et les forêts. Mais les vendéens s’improvisent vite des dirigeants (le roturier Cathelineau et les nobles Bonchamp, Charette, La Rochejacquelein ou D’Elbée), ils abordent la cocarde blanche et bouscule les républicains, ensemble ils forment « la grande armée catholique ». Une armée républicaine est chargée de mater les révoltes, mais en 1793 D’Elbée ou Bonchamp remportent des victoires précieuses leur assurant le contrôle de la région. Les succès des vendéens seront bientôt compensés par la terreur que connaîtra la région, des républicains organiseront des répressions sanglantes (les noyades de Carrier, les colonnes infernales de Turreau brûlant les terres). A Lyon ou dans le Midi, on cesse également d’obéir à la Convention, la guerre civile est déclarée.

La Guerre de Vendée (1793 - 1801)

Les insurgés vendéens forment trois armées organisées sur trois pôles. L’armée du Marais autour de Legé, l’armée d’Anjou autour de Cholet et l’armée du centre dans le bocage. Les régions angevines sont formées de hautes haies propices aux embuscades. Cachés, les vendéens se ruent sur leurs ennemis au signal donné, et les encerclent, si l’ennemi riposte, chacun partait se cacher dans les haies. Hoche puis Bonaparte s’employèrent à pacifier la région. Les troubles ne s’apaisèrent qu’après la signature du Concordat de 1801.

La chute des Girondins et la révolte fédéraliste

Depuis la création de la Convention, un affrontement permanent a lieu dans l’assemblée, les Girondins s’opposent aux Montagnards, ces derniers peuvent s’appuyer sur le soutien des sans-culottes et de la commune insurrectionnelle derrière Hébert. Une foule d’accusations fantaisistes traversait les deux camps. Mais les Girondins qui sont toujours majoritaires à la Convention peuvent faire appliquer leurs décrets. A la commune, on n’en reste pas là, le 1er juin Marat sonne le tocsin appelant à l’insurrection, les bataillons d’Hanriot disposent des canons face aux Tuileries. Les députés prisonniers, sont contraints de signer un décret qui emprisonne certains des membres de la Gironde (Vergniaud, Brissot, Pétion…). Ainsi avec l’aide de la Commune, la Montagne a mis fin au pouvoir des Girondins. En Province cependant, on s’était soulevé contre la Convention Montagnarde. A Lyon, Marseille ou en Normandie, des armées girondines sont levées, tandis que Toulon et Bordeaux tombaient au main des royalistes. Le 13 juillet, Marat est assassiné dans sa baignoire par Charlotte Corday, la révolte fédéraliste prend alors de l’importance, mais les opposants des Montagnards : royalistes et Girondins ne parviennent pas à s’entendre. Pendant ce temps en Vendée, Cathelineau dirige des escarmouches meurtrières et étend son influence au-delà du Loire. Et les frontières extérieures sont attaquées de toute part par la coalition européenne, Anglais, Espagnols, Prussiens et Autrichiens remportent des victoires décisives contestant les conquêtes révolutionnaires après Valmy. Menacée de l’intérieur et de l’extérieur, la Convention paraît avoir un avenir éphémère.

Marat assassiné

Issue d’un milieu pieux et royaliste, Charlotte Corday était républicaine et fréquentait les Girondins de Caen. Elle avait vu en Marat le principal responsable de la chute des Girondins.

Marat assassiné, 13 juillet 1793 - par Jacques-Louis DAVID (Musée Fabre)

Marat assassiné, 13 juillet 1793 - par Jacques-Louis DAVID (Musée Fabre)

Le gouvernement révolutionnaire

La rédaction de la constitution entamée en septembre 1792 est achevée en juin 1793 par Saint-Just et Hérault de Séchelles. Mais devant la situation intérieure et extérieure, la constitution est mise de coté au profit d’un gouvernement révolutionnaire qui allait régner jusqu’à la paix, seulement la paix n’arrivera jamais et cette constitution n’aura jamais servi. Le gouvernement effectif fut confié à un Comité de salut public au sein duquel Robespierre agit en dictateur. La situation intérieure est reprise en main, les foyers fédéralistes sont réprimés surtout à Lyon où Fouché ou Collot d’Herbois mènent une répression sanglante organisant des massacres, 6 000 personnes périront en une journée. A Caen et Marseille, les républicains reprennent l’avantage sur les fédéralistes. Il restait Toulon où les royalistes avec la complicité des Anglais gardaient farouchement la ville, il faudra attendre l’arrivée de Bonaparte pour changer la situation. En Vendée, Cathelineau est mortellement blessé à Nantes, il est remplacé par D’Elbée. Les républicains pratiquent alors la tactique de la terre brûlée, mais Marceau et Kléber sont repoussés par Charette et D’Elbée qui bénéficient de l’aide britannique. Bientôt, des Bretons et des Normands se joignent aux Vendéens, mais Kléber et Marceau réorganisent l’armée des bleus et déroutent les blancs de façon décisive. Femmes et enfants sont alors massacrés et la Vendée devient un cimetière national. Aux frontières, le territoire national fut libéré, grâce à de jeunes généraux enthousiastes et audacieux (Hoche, Marceau, Kléber, Jourdan ou Moreau) bousculent les traditions militaires de la vieille Europe et se couvrent de gloire. Carnot le ministre de la guerre favorisa aussi les victoires en organisant l’armée révolutionnaire : en pratiquant le mélange des soldats de métier et des jeunes recrues : « l’amalgame », il alliait l’expérience et la ferveur révolutionnaire. Aux Pyrénées (Kellermann), au Rhin (Hoche, Pichegru) et au Nord (Houchard) l’ennemi est sévèrement repoussé.

La Terreur en action

A Paris, la Terreur derrière Robespierre était décrétée, et le calendrier révolutionnaire est adopté. Un tribunal révolutionnaire condamna des milliers de suspects. La guillotine récemment inventée va alors être utilisé en cascade. Fouquier-Tinville qui dirige le tribunal révolutionnaire va fournir les accusés. Dès juin 1793, la machine est en marche. Avec humilité, Marie-Antoinette ouvre le bal lors de son exécution (15 octobre 1793). Vingt-et-un Girondins seront également condamnés, il en restera que vingt survivants. Puis Philippe Égalité, Manon Roland, Bailly, Barnave, Houchard prendront le relais. La crise économique persistante favorisa l’essor des « Enragés », qui préconisaient des mesures plus sévères pour la bourgeoisie. Inquiété, la Convention et même la Commune jugèrent leur chef Jacques Roux, qui préférant le suicide mit fin à ce mouvement populaire. Les « Hébertistes » qui sous la conduite de Hébert regroupaient une grande partie de la Commune, du club des Cordeliers et des sans-culottes. Ils étaient néanmoins plus présents que les Enragés, ils s’attaquèrent à la Convention par le biais du journal d’Hébert (Le père Duchesne). Ils enchaînèrent la déchristianisation du pays, en saccageant les églises et en organisant des mascarades anticléricales dans Paris. Hébert qui gagnait de l’influence fut arrêté, jugé puis guillotiné avec ses partisans. Enfin, un troisième mouvement connut le couperet de la guillotine : « Les Indulgents », ils rassemblaient des personnalités lassés de la Terreur, qui préféraient la fin des exécutions, sous l’impulsion du journal de Camille Desmoulins (Le vieux cordelier) et de Danton qui lui apportait de plus en plus son soutien. Mais jugé pour corruption Fabre d’Églantine annonça l’élimination des dantonistes, et quelques jours plus tard, Danton et Desmoulins étaient sur l’échafaud.

Marie-Antoinette conduite à son exécution le 16 octobre 1793

Avec un grand courage, Marie-Antoinette se soumet à la loi du couperet. La guillotine est un symbole indissociable de la Terreur. Quelques temps plus tard, c’est Danton qui monte sur l’échafaud en déclarant au bourreau : « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut bien la peine. »

Marie-Antoinette conduite à son exécution le 16 octobre 1793 - par William HAMILTON 1794 (Musée historique de la Révolution française, Vizille)

Marie-Antoinette conduite à son exécution le 16 octobre 1793 - par William HAMILTON 1794 (Musée historique de la Révolution française, Vizille)

La fin de la Terreur

La conspiration du 9 Thermidor

Robespierre entama des mesures qui changèrent la France (voir La France révolutionnaire), et malgré des revers sur les mers, les victoires continentales (Fleurus) se succédaient. Mais en éliminant les factions (enragés, Hébertistes et Indulgents), le Comité de salut public perdit l’appui des sans-culottes et prépara ainsi sa chute. Robespierre qui avait instauré le culte de l’Être suprême était accusé d’accéder de plus en plus vers la dictature. « L’incorruptible » fréquentait de plus en plus le club des Jacobins où il excluait ses ennemis. Ces derniers se rassemblèrent (Collot d’Herbois, Fouché, Barras, Tallien) et réquisitionnèrent l’appui du Marais (Cambacérès, Boissy d’Anglas). Et le 8 thermidor, ces opposants s’emploient à accuser les robespierristes. La nuit, on se réunit et on prépara la séance du lendemain. Là, les robespierristes sont immobilisés et cinq d’entre eux sont arrêtés. Mais ils sont délivrés par la Commune un peu plus tard, l’Assemblée mit alors hors-la-loi les cinq députés ainsi que la Commune. Mais les gendarmes que dirigeait Barras firent irruption dans l’Hôtel de Ville où s’étaient réfugiés les proscrits. Ceux-ci sont malmenés (Robespierre reçoit un coup de feu à la mâchoire, Le Bas s’explose la cervelle). Arrêté, Robespierre fut guillotiné le lendemain avec vingt de ses partisans les plus fidèles, dont l’implacable Saint-Just. La mort de Robespierre mit fin à la Terreur en 1794, ainsi qu’à la phase la plus ardente et la plus populaire de la Révolution. Les modérés, représentant surtout la bourgeoisie d’affaires, eurent de nouveau le dessus.

La réaction Thermidorienne

Ces bourgeois modérés (Tallien, Barras, Fréron) avec le centre, qui est resté silencieux depuis le début de la Révolution forment « la jeunesse dorée », derrière leur tenue excentrique, ils affichent leur nostalgie de la monarchie. Ensemble, ils reprirent le pouvoir avec fermeté et entreprirent un remaniement politique, Fouquier-Tinville qui dirigeait le Tribunal révolutionnaire fut emprisonné. La Montagne entachée par la Terreur n’acceptait pas ce revirement de situation, mais bientôt les jacobins sont attaqués, et la Gironde est réintégrée à l’Assemblée. Des troubles populaires survinrent, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Barère qui étaient emprisonnés pour leur rôle dans la Terreur furent défendus par les sans-culottes. En prairial, une nouvelle insurrection a lieu sous influence montagnarde, le député Féraud est tué. Mais ces troubles n’engagèrent que peu de monde, la garde nationale s’était réorganisée, les sans-culottes avaient perdu. Mais dans le Midi, la « Terreur blanche », sous impulsion royaliste, est particulièrement sanglante et fait plusieurs victimes : des jacobins puis des républicains à Lyon. En Vendée, la région est pacifiée grâce au général Hoche, et la convention multiplie les amnisties. Mais les chouans puis Charette reprenne très vite les hostilités, des royalistes débarquent à Quiberon en Bretagne, ils sont arrêtés par Hoche. A l’extérieur, les jeunes généraux font toujours des merveilles, et la Guadeloupe et Saint-Domingue sont reprises. Louis XVII meurt au temple, son oncle, le comte de Provence devient Louis XVIII.

Émeutes de prairial

Le député Féraud qui tentait de s’opposer aux manifestants est tué, sa tête est mise au bout d’un pique. Puis elle est présentée au président de l’Assemblée : Boissy d’Anglas, qui la salua, il résista avec sang-froid et gagna du temps. L’émeute sera ensuite canalisée par l’arrivée de la garde nationale, les sans-culottes ont perdu leur pouvoir d’action dont ils avaient fait preuve le 10 août.

L'assassinat de Féraud à la Convention - par Jean DUPLESSI-BERTAUX

L'assassinat de Féraud à la Convention - par Jean DUPLESSI-BERTAUX

Le Directoire

L’avènement du Directoire

Une troisième constitution, dite « de l’An III », fut rédigée, elle s’appuyait sur un pouvoir exécutif constitués de cinq membres (directeurs), en place pour cinq ans et de deux chambres législatives renouvelable (Conseil des Cinq-Cents et Conseil des Anciens). Pour éviter d’être balayés par les prochaines élections, les derniers conventionnels (membre de la Convention) établirent un décret qui obligea les chambres parlementaires à contenir au moins deux tiers des membres de la Convention, les députés sont ainsi perpétrés. Les royalistes, ulcérés par ce décret qui les paralysaient, tentèrent un nouveau coup de force. Un comité d’insurrection s’était formé, et la Convention qui siégeait toujours aux Tuileries était menacée. Le général Bonaparte était chargé de la répression, à ses cotés Brune et Murat. Il chargea d’abord Murat de lui ramener des pièces d’artillerie, puis il les soumit intelligemment dans la ville. Les royalistes subirent une canonnade sévère, et la Convention fut sauvée par ce général fougueux qui faisait ses premiers pas. Les élections virent triompher des modérés issus des Feuillants et des conventionnels de la droite tel que Boissy d’Anglas. Cette nouvelle ère est appelée le Directoire, on distingue trois périodes séparés par deux coups d’État (18 fructidor, 30 prairial).

Le premier Directoire

Le Directoire n’est pas vraiment en rupture avec la convention thermidorienne, les mêmes hommes sont au pouvoir. Le Directoire joue un rôle charnière qui visera à mettre fin à la Révolution en tentant de réconcilier les royalistes à droite (qui se sont renforcés lors des élections) et les patriotes jacobins à gauche. Les cinq premiers directeurs élus sont La Revellière-Lépeaux, Letourneur, Reubell, Sieyès (qui refuse le poste pour Carnot) et Barras. Le problème principal des directeurs est de faire face à la crise économique qui n’a pas vraiment connu d’essor depuis 1789. Mais dans les rues de Paris, un nouveau comité insurrectionnel (Conjuration des Egaux) est créé sous la conduite de Gracchus Babeuf qui prône « la communauté des biens et des travaux ». Ce comité s’apprête à soulever les masses populaires contre le Directoire, responsable de la famine ouvrière. Trahis par la police nommée par Carnot, les conjurés sont arrêtés, Babeuf est exécuté.

Le deuxième Directoire

A droite, les monarchistes étaient en plein essor, ils sollicitèrent l’aide du général Pichegru qui était favorable au mouvement. Une forte action politique était engagée pour basculer le tournant des élections de 1797. Ces élections affaiblirent fortement le Directoire, et Pichegru fut élu président du Conseil des Cinq-Cents. Les réformes révolutionnaires se trouvèrent alors clairement menacées. Les directeurs se sentent rapidement en danger, et Barras invite Hoche à lui venir en aide. Le projet tombe à l’eau mais l’armée vacille tout de même du coté des directeurs. Les Conseils royalistes comptaient sur Pichegru, tandis que les directeurs s’appuyaient sur Augereau que Bonaparte a envoyé d’Italie pour « sauver la République ». Celui-ci met en avant les preuves que Bonaparte a trouvées en Italie montrant la trahison de Pichegru avec l’étranger. La minorité républicaine de l’Assemblée vota des lois d’exception contre les monarchistes, beaucoup furent contraint à l’exil comme Pichegru et Carnot. Ce coup d’état du 18 Fructidor (An V du calendrier révolutionnaire) redonnait le pouvoir aux républicains qui en profitaient pour annuler les élections qui voient triompher les jacobins (22 floréal), ces derniers ont fait leur retour grâce à l’affaiblissement de la droite lors de fructidor. En Italie, Bonaparte réalise des prouesses inespérées et alarme l’Europe par la création de républiques sœurs vassales de la France.

Coup d'état du 18 fructidor an V

Avec l’aide de Augereau, le Directoire fait arrêter les députés royalistes qui leurs disputaient le pouvoir.

Coup d'état du 18 fructidor gravure fin XVIII s (Bibliothèque nationale Paris)

Coup d'état du 18 fructidor gravure fin XVIII s (Bibliothèque nationale Paris)

Le troisième Directoire

Bonaparte est l’homme du moment, il est acclamé à Paris à son retour d’Italie. Le Directoire l’éloigne en lui offrant un commandement en Égypte. Mais aux frontières, les premiers revers apparaissent, Jourdan et Bernadotte quittent leur commandement à l’armée du Rhin. L’Angleterre commence déjà à rassembler une seconde coalition. L’absence de Bonaparte en Italie se fait sentir et les premières défaites apparaissent. Pour remédier à ces échecs militaires, le Directoire rend le service militaire obligatoire et universel. En juin 1799, les Jacobins sont toujours à la tête des élections. Les nouveaux députés forcent alors trois directeurs à la démission (coup d’état du 30 prairial). Sieyès et Barras qui sont à la tête du pouvoir exécutif craignent alors un retour du jacobinisme, les survivants de la Montagne sont en effet présents, et le club des Jacobins se reconstitue. Sieyès profite du retour de Bonaparte pour mettre fin au Directoire, ce dernier allait s’emparer du pouvoir lors du coup d’état du 18-19 brumaire. Mais, au moment où ce général instaura son pouvoir, dix années après le déclenchement de la Révolution, le visage de la France avait bien changé.


Sources et liens

Lectures conseillées