Jeanne d’Arc

Contexte historique

Introduction

En 1420, la France n’existe plus, le roi fou Charles VI et sa femme Isabeau de Bavière ont déshérité leur fils Charles au profit du roi d’Angleterre. Après l’assassinat de son père, Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne Philippe III le Bon s’est allié à Henri V. En 1424, les Anglais envahirent le domaine de Charles et mirent le siège devant Orléans, ville-clef pour le passage de la Loire. Une fois la ville tombée, ils pouvaient facilement conquérir le reste du pays. Mais Orléans ne tomba pas, grâce à une paysanne ignorante de dix-huit ans : Jeanne d’Arc.

La situation du royaume de France

En 1422, le roi Charles VI meurt, c’est une chance que le redoutable Henri V soit mort quelques mois auparavant. Son fils Henri VI est trop jeune pour régner, mais il est l’héritier légitime du royaume, ses oncles assurent la régence. Le jeune roi est reconnu par l’Église, l’Université et le peuple de Paris. Les Anglais jouissent également d’une précieuse alliance avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. En face, Charles VII règne sur le centre et au sud (pays d’oc). On le surnomme par dérision « le petit roi de Bourges ». Il n’a ni argent ni soutiens, si ce n’est celui de sa protectrice Yolande d’Aragon, des Armagnacs et de quelques mercenaires. Le roi est au bord du renoncement lorsqu’il rencontre Jeanne d’Arc.

L’enfance de Jeanne d’Arc

Jeanne d’Arc est née en 1412 à Domrémy, aux marches de la Lorraine, dans une famille de paysans nommée « Darc » (assez aisés et appelés laboureurs). Sa famille sera anoblie par Charles VII et changera son nom en d’Arc. Jeanne est une fillette pieuse, illettrée et gaie, rien ne la distingue de ses compagnons de jeu. A l’âge de 13 ans, elle eut une apparition de Saint Michel sous l’apparence d’un chevalier, de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine. L’archange et ses deux saintes lui ordonnent de conduire le dauphin à Reims pour le faire sacrer et de « bouter les Anglais hors de France ». Jeanne n’en parle à personne, mais mois après mois, année après année, les voix reviennent, insistantes… A seize ans, elle parle de ses voix à son oncle, Durand Laxart, qui l’escorte auprès de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy. En ces temps de guerres, les illuminés pullulent et Baudricourt conseille Laxart de ramener sa nièce chez ses parents avec une bonne gifle. L’année suivante, les Anglais déferlent sur la Lorraine, Jeanne voit l’ennemi de près et doit se réfugier à Neufchâteau avec sa famille. Revenue à Vaucouleurs, sa personnalité ne passe pas inaperçue, elle rencontre même le duc de Lorraine. Face à une telle détermination, Baudricourt, sceptique, s’assure auprès de son curé « que le diable n’est pas en elle ». Puis il lui donne une escorte de quelques hommes, dont Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son épopée. Habillée en homme, Jeanne va jusqu’à Chinon pour y rencontrer le dauphin…

Charles VII

Avant de rencontrer Jeanne d’Arc, Charles n’est qu’un roitelet. Ce portrait le montre clairement comme quelqu’un de taciturne et hésitant. De nombreuses rumeurs font de lui un enfant bâtard dont la légitimité n’est pas assurée.

Portrait de Charles VII, par Jean FOUQUET (Musée du Louvre, Paris)

Portrait de Charles VII, par Jean FOUQUET (Musée du Louvre, Paris)

Le parcours de Jeanne d’Arc

La rencontre du dauphin à Chinon

Arrivée à Chinon, Jeanne se rend à la grande salle du château. Elle n’avait encore jamais vu le roi, et pourtant l’anecdote raconte qu’elle le reconnaît, caché dans son assistance, alors qu’un sujet avait pris sa place. Charles VII est étonné, la jeune fille se présente sous le nom de Jeanne la Pucelle et que le roi des cieux lui commande de l’emmener à Reims pour le faire sacrer. Jeanne et Charles s’entretiennent en secret, nul ne sait ce qu’ils se sont dits, mais le roi ressort avec le visage éclairé. Convaincu, Charles a cependant la prudence de faire examiner Jeanne par des théologiens à Poitiers. Le bon sens de Jeanne y fait immédiatement sensation. « En quelle langue parlent vos Voix? demanda l’un des frères -Meilleure que la vôtre, répliqua-t-elle. -Croyez-vous en Dieu? -Mieux que vous. » Des matrones vérifient même sa virginité. Charles lui donna une armure, une garde de quelques hommes, et l’autorisa à se joindre au dernier convoi destiné à secourir Orléans. Jeanne fit faire un étendard timbré de la fleur de lis et des mots JhesusMaria. De tous les autres chefs de guerre, rudes et parfois cruels, il n’en est pas un qui ose s’opposer à la jeune fille, tous ont cœur de lui obéir. Les hommes ne jurent plus, elle renvoie les prostituées qui s’attachent d’ordinaire au convoi.

L'épée de Jeanne d'Arc

Une fois l’armure de Jeanne confectionnée, on s’inquiéta de l’épée. « Allez à Sainte-Catherine-de-Fierbois dit elle, dans la chapelle du pèlerinage. Vous creuserez derrière l’autel, vous enlèverez une dalle, des pierres, et à peu de profondeur, vous trouverez l’épée qu’il me faut. » Ainsi fut-il fait, et l’on trouva une grande épée à la garde marquée de cinq petites croix. Des traditions affirment que cette épée était celle de Charles Martel qui, après Poitiers, l’aurait offerte aux prêtres du sanctuaire.

Entreé de Jeanne d'Arc à Orléans, par Jean-Jacques SCHERRER (1887)

Entreé de Jeanne d'Arc à Orléans, par Jean-Jacques SCHERRER (1887)

Le siège d’Orléans

Avant l’arrivée de Jeanne d’Arc, Orléans est au bord de la reddition, la ville n’a plus de ressources et est épuisée. Le duc Charles d’Orléans étant fait prisonnier après Azincourt, c’est son demi-frère Jean, dit Dunois, un enfant bâtard, qui défend la ville avec courage. Tandis que les chefs de guerre français hésitent et tergiversent, Jeanne rentre secrètement dans la ville pour y rencontrer Dunois. Elle le somme de faire une sortie, mais la dernière a été trop catastrophique que le bâtard d’Orléans préfère attendre les renforts. Jeanne prend les choses en main, deux bastides anglaises se tiennent dans la région, il faut les attaquer ! Jeanne charge elle-même la bastide des Augustins, la garnison la suit et c’est un succès. Le soir au conseil de guerre, Dunois et ses hommes veulent en rester là, mais Jeanne refuse. Elle ameute la population qui se prépare toute la nuit. Le lendemain, l’assaut est donné, la forteresse est redoutable, les pertes sont élevées, Jeanne est touchée par un carreau d’arbalète au dessus du sein. La blessure est superficielle, elle retourne galvaniser ses troupes. Les Anglais paniquent, ils se jettent dans la Loire, le 8 mai 1429, Orléans est sauvé. C’est un miracle ! Pour Jeanne, la prise d’Orléans prouve le caractère divin de sa mission, la foule lui prête même des pouvoirs de guérison. Pour les Anglais, humiliés, la Pucelle est envoyée par le diable.

Le siège d'Orléans

Libératrice de la ville, Jeanne y gagne le surnom de « Pucelle d’Orléans ».

Les compagnons de Jeanne d’Arc

Le parcours de Jeanne est semé de rencontres avec de grands hommes de guerre, fidèles compagnons. Outre les personnages décrits ci-dessous, il y a bien sûr Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs. Les gentilshommes Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui escortèrent Jeanne de Vaucouleurs à Chinon. Les membres de sa maison militaire : le page Louis Coutes et l’écuyer Jean d’Aulon souvent décrit comme le plus fidèle et dévoué des compagnons d’arme de la Pucelle ou encore comme son ami le plus « intime ». Citons également Xaintrailles, Raoul de Gaucourt, Jean de Brosse et son lieutenant l’amiral Louis de Culant. Mais les plus célèbres sont sans nul doute :

  • Le duc d’Alençon, le « gentil duc » pour Jeanne d’Arc, commandant à Patay, avant d’intriguer contre Charles VII, puis Louis XI.
  • Dunois, « Bâtard d’Orléans », fils de Louis d’Orléans. Chargé de défendre Orléans, il devient « le Restaurateur de la Patrie » après sa victoire à Castillon.
  • Le valeureux La Hire, l’un des meilleurs combattants de son temps, devenant par la suite le valet de cœur des jeux de cartes.
  • Le démoniaque Gilles de Rais, accusé de crimes tels que « sodomie, sorcellerie et assassinat ». Il inspira Barbe Bleue et Dracula.
  • Le connétable Richemont, l’un des plus grands soldats de Charles VII, il remporte la décisive victoire de Formigny.

Le sacre du roi

Après l’exploit d’Orléans, deux possibilités s’offraient aux Français : attaquer Paris ou aller à Reims, comme le veut Jeanne, pour sacrer le roi. Le Dauphin, hésitant, finit par donner raison à Jeanne. Seulement le pari est risqué, Reims est cerné par des possessions anglaises et bourguignonnes. Une rencontre décisive a lieu à Patay, face aux Anglais de John Talbot, tout juste chassé d’Orléans. Chacun a encore les souvenirs d’Azincourt, cimetière français. Seulement la Pucelle est là, et elle assure la victoire au nom de Dieu. La bataille s’engage, la charge française est irrésistible, les Anglais laissent 2 000 morts et leur chef prisonnier. Côté français, les pertes sont quasiment nulles. Pour ouvrir la route jusqu’à Reims, les Français libèrent Auxerre, Troyes et Chalons. Le Dauphin peut enfin faire son entrée dans la cathédrale de Reims pour y recevoir le Saint Chrême. Jeanne est à ses côtés, portant son étendard. Le régent anglais, le duc de Bedford, réagit sans attendre, il fait sacrer le jeune Henri VI à Notre-Dame de Paris. Mais sans la Sainte Ampoule, qui valide le rituel du sacre, le couronnement n’a aucune signification. Il n’y a plus qu’un seul roi sur la France, l’héritier des Valois, Charles VII. La mission de Jeanne s’est couronnée d’un succès, en quelques mois, la victoire a changé de camp.

Le sacre

Jeanne se tient aux côtés du roi pendant la cérémonie. Plus tard, lors de son procès, on lui demanda pourquoi elle tenait sa bannière : « Il avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fût à l’honneur »

Jeanne d'Arc - par INGRES (Louvre, Paris)

Jeanne d'Arc - par INGRES (Louvre, Paris)

La capture de Jeanne d’Arc

Sans les hésitations du Dauphin, Jeanne aurait accompli sa tâche depuis fort longtemps. Seulement, le jeune roi perd du temps. Et pourtant, partout où il passe, la foule est galvanisée, Laon, Coulommiers, Compiègne. Dans la cathédrale de Beauvais désertée par son évêque, Pierre Cauchon, on célèbre un Te Deum en son honneur. Alors que Jeanne se dirige vers Paris, le roi préfère négocier avec le duc de Bourgogne. Une fois sous les murs de la capitale, les Français constatent que les Anglais ont eu le temps de se préparer. L’assaut est donné à la porte Saint Honoré. Blessée à la cuisse, Jeanne reprend néanmoins le combat, mais le miracle ne se reproduit pas. Le roi décide de lever le siège, et de dissoudre l’armée. Il ne veut pas la guerre mais la négociation. Depuis le sacre, Charles VII traite la jeune Pucelle avec dédain et jalousie. Il décide de s’en débarrasser en l’envoyant combattre les compagnies, ces brigands que du Guesclin avait réussi à chasser du royaume. Mais Jeanne manque de renforts et de munitions, la campagne est un échec. Dès 1430, les intentions du duc de Bourgogne sont claires, aux côtés des Anglais, il souhaite reprendre les villes qui sont passées au roi. Mais Charles VII n’a plus d’armée, il laisse Jeanne se débrouiller toute seule. Elle s’entoure alors de chevaliers fidèles, elle recrute des mercenaires… Le jour de Pâques, elle est acclamée à Melun. Elle attend les renforts du roi, mais ceux-ci ne viennent pas. Elle décide alors de défendre Compiègne assiégée, multipliant les sorties contre l’ennemi. Celle du 24 mai est fatale, elle s’engage trop loin, et se trouve face à une contre-attaque bourguignonne menée par Jean de Luxembourg. La retraite s’effectue, elle reste la dernière. Au moment de rentrer dans la ville, le pont-levis est levé. Trahison ou imprudence ? Quoiqu’il en soit, Jeanne est jetée hors de son cheval et capturé par le seigneur bourguignon.

Qui est Jeanne d'Arc ?

Même si elle portait les cheveux courts et avait des vêtements masculins, Jeanne avait des formes féminines, et la poitrine plutôt forte, un visage au trait harmonieux. Charles d’Orléans détenu en Angleterre lui aurait offert des vêtements d’apparat aux couleurs des Orléans, grâce à ce cadeau on sait que Jeanne mesurait 1m58. En outre, sa virginité est une preuve de l’authenticité de sa mission. Elle-même revendique son titre de Pucelle. Et pourtant Jeanne va partager le bivouac avec de rudes soldats. Pas un ne fut enclin au désir charnel !

Jeanne d'Arc, miniature du musée de Rouen

Jeanne d'Arc, miniature du musée de Rouen

Le procès de Jeanne d’Arc

Le seigneur Jean de Luxembourg n’a que faire de la Pucelle, il la vend aux anglais pour dix mille livres. Le roi Charles VII n’a rien fait pour sauver Jeanne, ni soldats ni argent. Henri VI remet la jeune fille aux mains de la juridiction ecclésiastique. L’évêque Pierre Cauchon entend la juger lui-même pour hérésie, prétextant qu’elle fut capturée sur son diocèse. Jeanne est donc transférée à Rouen, solidement tenu par les Anglais. Elle est enfermée dans le donjon du château de Bouvreuil qui domine la ville. Cauchon réalise un nouveau test de virginité, mais la Pucelle est bien vierge ! Aux préliminaires du procès, il n’a rien pour l’accuser. Des théologiens se chargent de l’interrogatoire, mais Jeanne fait preuve d’un bon sens incroyable, elle parvient à tenir tête à ses juges. Cauchon décide alors de pratiquer des interrogatoires à huis clos. Il lui demande pourquoi elle porte des vêtements d’hommes, parce que c’est plus pratique pour le voyage et indispensable pour le combat, lui répond-elle. En revanche elle refuse de reprendre des habits féminins, faut-il rappeler qu’elle dort enchaînée au milieu de deux soudards. Mais se travestir ainsi est un crime pour l’Inquisition, Cauchon a enfin un motif d’accusation. Le véritable procès peut commencer, il s’étale sur deux mois. Le 23 mai, dans le cimetière de Saint Ouen, une mise en scène publique a lieu. Après un réquisitoire d’une rare violence, Cauchon annonce à Jeanne qu’elle est condamnée au bûcher, la jeune fille de 19 ans est terrorisée. Il lui donne alors un acte d’abjuration qu’elle signe d’une croix : en s’engageant de porter des vêtements féminins, elle échappe à la mort. Les Anglais sont furieux, ils veulent l’éliminer au plus vite. Mais Pierre Cauchon sait que ce sera fait. Dans sa cellule, Jeanne est battue, insultée et sans doute violée. Face à cette maltraitance, elle décide de reprendre l’habit d’homme. Mais Jeanne a retrouvé son courage, elle préfère aller au bûcher que de finir sa vie avec des fers.

Le bon sens de Jeanne

*« - Vous sentez-vous en grâce de Dieu ?

  • Si je n’y suis, Dieu m’y mette… Si j’y suis, Dieu m’y garde »*

*« - Quel aspect avait saint Michel, quand il vous apparut ? (…) Etait-il nu ?

  • Pensez-vous que Dieu n’ait pas de quoi le vêtir ?
  • Avait-il des cheveux ?
  • Pourquoi les lui aurait-on coupés ? (…)
  • Avait-il une balance ?
  • Je n’en sais rien (…) J’ai grande joie quand je le vois… »*

Statue de Jeanne d'Arc, Place des Augustins

Statue de Jeanne d'Arc, Place des Augustins

Jeanne la Sainte

De l’hérésie à la canonisation

Jeanne d’Arc est déclarée hérétique et relapse, elle est condamnée au bûcher le 30 mai 1431. Sur la place de Rouen, on écarte la foule, Jeanne réclame un crucifix. Bientôt les flammes l’atteignent, « Jésus, Jésus, Jésus ! » répète-t-elle. La foule s’émeut, les soldats sont en larmes : « Nous sommes tous perdus. Nous avons brûlé une sainte ! » L’Église, qui avait condamné Jeanne d’Arc, aura très tôt à cœur de la réhabiliter. En 1456, la condamnation de 1431 est déclarée nulle. Mais la jeune fille est devenue une légende. Passée sous silence par les humanistes du XVIe siècle, elle devient la patronne des catholiques extrémistes au cours des guerres de religions. Les grands philosophes français du XVIIIe ne manqueront pas de la ridiculiser, c’est le cas de Voltaire et Beaumarchais, l’Encyclopédie de Diderot la décrit comme une « idiote manipulée par des fripons ». Mais la littérature catholique ne cesse de faire les louanges de la Pucelle. Jeanne était devenue une héroïne romantique, la montée du patriotisme moderne la rendit de plus en plus populaire. Après la guerre de 1870, « la bonne Lorraine » incarne l’espoir de revanche des Français. Au XXe siècle, Jeanne fait l’objet d’un culte, elle est béatifiée en 1909, puis canonisée en 1920 par Benoît XV.

Légendes johanniques

Il est arrivé au cours de l’histoire que des imposteurs surgissent, prétendant être une personnalité décédée ayant marqué son temps. Plusieurs femmes se présentèrent, affirmant avoir échappé aux flammes. Deux d’entre elles parvinrent à convaincre leurs contemporains qu’elles étaient réellement Jeanne d’Arc : il s’agit de Jeanne des Armoises et de Jeanne de Sermaises, qui étaient peut-être une seule et même personne. Jeanne des Armoises apparut pour la première fois en 1436 à Metz où elle rencontre les deux frères de Jeanne d’Arc, qui la reconnaissent pour leur sœur. La ville d’Orléans interrompit les services funèbres à la mémoire de Jeanne d’Arc durant trois ans. Cette Jeanne, qu’on dit être la fille adultérine d’Isabeau de Bavière et de Louis d’Orléans (frère de Charles VI), donnée en nourrice à des laboureurs de Domrémy, épousa un chevalier, Robert des Hermoises ou des Armoises, proche parent de Robert de Baudricourt. Cette Jeanne s’entretint avec Charles VII par courrier pendant quatre ans. Après avoir obtenu une audience avec le roi, elle admit ensuite publiquement son imposture. En 1457, quand la Pucelle fut réhabilitée, Jehanne de Sermaises apparut en Anjou. Elle fut accusée de s’être fait appeler la Pucelle d’Orléans, d’avoir porté des vêtements d’homme. Elle fut emprisonnée jusqu’en février 1457, et libérée à la condition qu’elle s’habillerait honnêtement. D’autres thèses farfelues sur l’origine de Jeanne d’Arc avancent par exemple la masculinité de la Pucelle.

Jeanne d'Arc sur le bûcher

La fin d’une guerre

La fin de la guerre

Ayant regagné sa légitimité grâce à Jeanne d’Arc, Charles VII peut reprendre l’offensive contre les Anglais. Il signe le traité d’Arras en 1435 avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon. En échange de nouvelles terres, le duc renonce à son alliance avec les Anglais. C’est la fin de la querelle entre Armagnacs et Bourguignons. Le conflit reprendra plus tard entre Louis XI et Charles le Téméraire. L’année suivante, en 1436, le connétable Richemont reprend Paris, et Charles VII peut y faire son retour triomphal. Une trêve avec les Anglais est signée à Tours en 1444. Charles VII dit le Bien Servi est entouré par de grands conseillers tel que Jacques Cœur ou sa maîtresse Agnés Sorel. Il peut également s’appuyer sur de valeureux soldats comme Dunois ou Richemont, mais aussi les frères Jean et Gaspard Bureau, ingénieurs, qui mettent au point une puissante artillerie. Les Anglais, quant à eux, sont embourbés dans un conflit dynastique : « La guerre des Deux Roses ». En 1450, le connétable Richemont est victorieux à Formigny, achevant la reconquête de la Normandie. Dans le même temps, l’ost royal entreprend la reconquête de la Guyenne, Bordeaux est repris par les Français en 1450. La bataille de Castillon remportée par Dunois achève la reconquête du territoire, seul Calais reste aux mains des Anglais (et ce jusqu’en 1558). La guerre de Cent Ans est bien finie, Charles VII est le vainqueur ultime de ce long conflit. Il ne reste désormais plus que trois grands fiefs vassaux non rattachés à la couronne : la Bretagne, le Bourbon, et la Bourgogne. A noter que l’Angleterre conservera la fleur de lys sur son blason jusqu’au XIXe siècle.

La victoire de Castillon

Avec la prise de Bordeaux en 1450, la Guyenne est presque reconquise par les Français, mais les exigences de Charles VII font regretter la tutelle anglaise. Henri VI charge John Talbot (déjà perdant à Orléans et Patay) de la reconquête. Après une rapide campagne, Bordeaux est repris. Les Français décident alors de contre-attaquer. L’armée franco-bretonne comprend environ 10 000 hommes dont une puissante artillerie de 300 pièces servies par 700 manœuvriers. L’emplacement choisi offre d’incontestables avantages géographiques : Au nord, une petite rivière aux rives escarpées; À l’ouest, au sud et à l’est, un fossé de 5m de large. Averti de l’arrivée des Français, Talbot, se décide à porter secours aux Castillonnais. Il s’apprête à entendre la messe, lorsqu’on lui rapporte que les Français s’enfuient, abandonnant le camp retranché. On saura plus tard qu’il s’agissait des pages et des bagages inutiles au combat qui quittèrent le champ de bataille. Trompé par ces apparences, Talbot n’hésite plus et se précipite avec les troupes dont il dispose afin de mettre les Français en déroute. L’artillerie des Français, commandée par les frères Bureau, a eu le temps de se préparer. Carnage effrayant. Les assaillants sont pressés les uns contre les autres, ils ne peuvent ni s’échapper ni se dissimuler. Dans la mêlée qui s’ensuit, Talbot est précipité à terre et tué par quelque archer. Au bruit de la canonnade, les Bretons en réserve à Horable chargent avec leur cavalerie et précipitent la déroute des Anglais. Plus tard, le 18 juillet, les Français avançant quelques pièces d’artillerie sous les murs de Castillon obtiennent la reddition de la ville. La même année en 1453, Constantinople tombe aux mains des Turcs, le Moyen Âge s’achève progressivement.


Sources et liens

Lectures conseillées